samedi 17 mai 2014

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) - La brioche (1763)

Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779) La brioche (1763) Musée du Louvre. Paris


Jean-Baptiste-Siméon Chardin (1699-1779)
La brioche (1763)
Musée du Louvre. Paris  

Ce que l'on voit : Sur un entablement de pierre, de gauche à droite, un sucrier en porcelaine de Sèvres à décor de fleurs et bronze deux pêches qui donnent le premier plan en masquant légèrement la base droite du sucrier et la base gauche du plat en argent sur lequel est posé une somptueuse brioche. Au sommet de la brioche est piquée une branche d'oranger avec une fleur à peine éclose, introduisant l'idée d'un parfum en peinture, suggérant que la brioche est peut être aromatisée à l'essence de fleur d'oranger... Sur la moitié droite de la composition, trois biscuits sous le plateau en argent (dont un biscuit à la cuillère) débordant de l'entablement donnent la profondeur de champ. A l'extrême droite du cadre enfin ponctuant la composition un précieux carafon en verre taillé rempli de vin ou de liqueur et fermé par un bouchon doré devant lequel sont posés trois cerises.
La Brioche et son pendant, Raisins et grenades, illustrent l'évolution de Chardin qui, après avoir peint surtout des ustensiles les plus quotidiens, se plaît, dans les natures mortes de la maturité, à décrire des objets rares ou précieux, comme ici un sucrier de porcelaine, un carafon en verre taillé.

Rappel biographique :
Chardin est nommé Trésorier de l'Académie en 1755, et deux ans après, Louis XV lui accorde un logement dans les Galeries du Louvre, ce dont il se montre très fier. Marigny, dont la bienveillance à l'égard de Chardin ne sera jamais démentie, est à l'origine de cet honneur rendu au peintre et l'en avertit lui-même. Très occupé par ses fonctions de trésorier et par la responsabilité qui lui incombe de l'arrangement des tableaux pour le Salon de l'Académie (office dit de « tapissier » qui lui vaudra des démêlés avec Oudry), Chardin, qui se consacre à nouveau à son premier « talent » depuis 1748, compose de plus en plus de natures mortes. Il expose toujours des peintures de genre mais cesse d'en créer: ce sont, la plupart du temps des œuvres antérieure ou des variantes. Les natures mortes qu'il expose dans cette période sont assez différentes des premières. Les sujets en sont très variés : gibier, fruits, bouquets de fleurs, pots, bocaux, verres, etc. Chardin semble s'intéresser davantage aux volumes et à la composition qu'à un vérisme soucieux du détail, voire des effets de trompe-l'œil. Les couleurs sont moins empâtées. 
Il est plus attentif aux reflets, à la lumière : il travaille parfois à trois tableaux à la fois devant les mêmes objets, pour capter la lumière du matin, du milieu de journée et de l'après-midi.
 Durant cette période le style de Chardin va évoluer : « En un premier temps, l'artiste peint par larges touches qu'il dispose côte à côte sans les fondre entre elles (…) ; après avoir pendant quelques années, vers 1755-1757, multiplié et miniaturisé les objets qu'il éloigne du spectateur, tenté d 'organiser des compositions plus ambitieuses, il accordera une place de plus en plus grande aux reflets, aux transparences, au « fondu » ; de plus en plus ce sera l'effet d'ensemble qui préoccupera l'artiste, une vision synthétique qui fera surgir d'une pénombre mystérieuse objets et fruits, résumés dans leur permanence. » (Pierre Rosenberg, Catalogue de l'Exposition de 1979, p. 296).
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2014 - A Still Life Collection
Un blog de Francis Rousseau


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